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LES ÉMIGRÉS - Slawomir Mrozek

Mise en scène Jacques Maitre

Jeu Jacques Maitre, Vincent Jacquet, Nicolas Fortini

Direction artistique et administration Vincent Jacquet

Scénographie François Malnovic

Création lumière Vincent Jacquet

Création sonore François Malnovic

Contexte actuel

« Les émigrés » est un texte particulièrement pertinent dans le contexte social tendu que nous connaissons, où les écarts économiques se creusent, favorisant le repli sur soi et le rejet des autres.

Dés lors, il appartient à chacun avec les moyens qui sont les siens de ne pas céder au confort de l’indifférence,

Aujourd’hui, le théâtre n’a pas d’autre choix que de participer à la nécessaire prise de conscience du Désespoir et de l’Espérance de ces nouveaux émigrés,

Dans cette situation, la Compagnie Théâtrale Virgule se sent comme saisie de la nécessité à (ré)agir, à prendre la parole, et fait aujourd’hui le choix de créer la pièce « Les émigrés » de Sławomir Mrożek.

 

Quand la Compagnie Virgule a décidé de se pencher sur « Les émigrés », l’actualité liée aux questions migratoires n’était pas aussi brûlante qu’à ce jour. Migrations aux causes politiques ou économiques (comme AA et XX chez Mrozek), mais surtout migrations aux conséquences humanitaires, chaque jour de façon plus évidente.

Par ce texte, nous parlerons d’eux, de ces migrants, de leurs problèmes à eux. Des problèmes d’émigrés dont les préoccupations ne rencontraient, jusqu’alors, pas nécessairement les nôtres. Il n’est plus possible de les ignorer. Leur quotidien est devenu le nôtre.

Il est urgent à réagir et il nous faut parler et tordre le cou aux clichés et simplifications de toutes sortes. Mrozek, qui a connu le statut d’émigré, nous permet d’accompagner le public dans ce débat.

L'intention

La question de l’immigration est aujourd’hui vivement posée. Elle résonne encore plus fortement maintenant qu’au moment où la pièce a été écrite.

 

Si le spectateur de 2015 ne peut que recevoir la pièce en faisant un lien en référence directe avec l’actualité, et que cette référence donne à ce texte un éclairage plus violent qu’auparavant, les questions posées par Mrożek ne se limitent pas à une seule problématique de la condition des ces refugiés. « Les émigrés » soulève également d’autres questionnements sur leur intégration, leur adaptation et sur les rapports humains engendrés par leurs situations.

 

De quoi s’agit-il ? 

Deux Emigrés, désignés de façon générique par AA et XX, sont contraints de cohabiter. L’un est réfugié politique, l’autre a quitté son pays pour des motifs économiques. Au-delà de l’exil qui est ici traitée par Mrożek, et qui apparaît en filigrane tout au long de la pièce, puisque AA et XX ne cesseront de faire la distinction entre ici (le lieu où ils se sont refugiés) et chez nous (leur pays), comme un miroir nous renvoyant plus clairement les problèmes d’intégration et d’adaptation, le texte de Mrozek, nous parle également, des rapports humains entre ces deux émigrés. Partant d’un rapport de classe entre XX et AA, Mrożek développe et met en lumière les rapports humains qui s’installent entre eux nous permettant par extrapolation d’ouvrir la pensée et la réflexion vers ceux qu’ils ont avec le « nouveau monde » dans lequel ils vivent.

 

Chez Mrożek, AA est un intellectuel de haut vol, XX  un ouvrier, peu à même de manier les concepts. L’un utilise le langage comme une arme, développe ses points de vue, rêve d’un monde où l’être humain aurait retrouvé le sens de la liberté, la vraie, pas celle qui nous est proposée par des démocraties qui font de nous des consommateurs serviles, croyant être libres parce qu’ils ont accès à la propriété (à ce sujet Mrożek est très clair et sans illusion sur le monde occidental). AA est surtout un  manipulateur. Il sait comment exercer un pouvoir sur cet autre, issu d’un milieu beaucoup plus modeste et surtout beaucoup moins armé sur le plan intellectuel. En ce sens, AA recrée, dans cette société réduite à deux individus, une forme d’oppression, équivalente à celle qu’il subissait chez lui.

L’autre, lui, subit. XX est victime, non seulement de AA, qui démonte peu à peu ses illusions, mais victime aussi de ses propres rêves qui le poussent à se tuer au travail et à économiser dans l’espoir d’un hypothétique retour auprès des siens.

Mais les choses ne sont pas si simples. AA a besoin de XX, (davantage que l’inverse), besoin de cette présence humaine, de cet autre, sans lequel tout dialogue, tout échange intellectuel est impossible.

Et cet attachement à l’autre, cette nécessité d’établir un  lien social fait partie de leur condition à tous deux.

Ces problématiques, (celle que nous désirons traiter), soulignées dans le texte de Mrożek, nous poussent à réfléchir ; pourquoi sommes-nous incapables de réinventer nos relations aux autres ? Pourquoi reproduisons-nous inlassablement les mêmes rapports humains ? Enfin Mrożek s’interroge ; « (ces) émigrés » auront beau faire et défaire leurs bagages, ne recueilleront-ils pas toujours la lancinante déchirure de l’exil ?

 

 

Le lieu de création, de diffusion

Lorsque nous avons décidé de mettre en scène Les émigrés, nous nous sommes demandé où pouvait s’inscrire cette action. Partout,… ici, et autour de nous, dans une cave, un abri PC, un entrepôt, une toile de tente, une bâche, une école, une église…

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